
Les lettres de Suzanne
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« Ma chérie, comme tu le sais si bien, Samandawi un hors-loi ? Un rebelle ?
Oh! M’important peu les qualificatifs. Samandawi est venu sans crier gare !
Vêtu d’un éclat émanant d’une virilité sans faille, d’un courage inouï . Jamais je
n’aurais pensé qu’un village aussi rustique, un village noyé dans ses petites
choses, les affres du dénuement pouvait enfanter ce Samandawi. »
Yacine Boughazi nous dédie une nouvelle tour à tour présente, fuyante, entière,
morcelée, terre-à-terre, terre-à-ciel, prenable, éthérée. Une nouvelle torturante
parce que torturée, doublement poignante parce que, poignardée en plein cœur et
dans le dos.
D’un amour de feu mais hélas, de zéphyr, aussi, d’un amour de rage mais, hélas,
de mirage, aussi, le sergent Charles et Suzanne Babel s’aiment, sèment les
épines sur le passage des coquelicots pris, à tort ou à raison, pour des roses, des
roses rouges, rouge sang, ensanglantées. Des coquelicots cueillis par l’exploitant
à un moment critique : le réveil de l’exploité.
Plus qu’une nouvelle, « Le titre proposé par l’auteur » est un récit poétique de
première classe. Au cundi, au cœur de l’Est algérien colonial, le sergent Charles
et Suzanne Babel sont tous les deux hantés par l’ombre de Smandawi, un
militant nationaliste algérien qui ne recule devant rien, personne pour
reconquérir les champs de ses ancêtres, de perpétuels champs de bataille où
poussent, entre un martyr gisant au sol et son fusil, le refrain de la liberté et les
coquelicots.